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EXPLORATIONS DANS LE JURA VAUDOIS


BAUME DES LOGES



Le gouffre se trouve à environ 1 km au nord-ouest du pâturage du Couchant en direction de la frontière franco-suisse, dans une zone de forêt éloignée de tout chemin carrosable.

Description
Développement  :  560m Dénivellation  :  -145m

Une belle entrée moussue en entonnoir de 9 m sur 6 m de section donne sur un P37 dont la base se prolonge par deux départs opposés. D'un côté, une pente éboulis s'achève au pied d'une impressionnante cheminée tandis que de l'autre côté une fissure donne sur un P8 aboutissant sur une pente d'éboulis (-49m). En pendulant dans le P8, on accède à un méandre menant à une cheminée de 11 m suivie au sommet par le "Réseau du Bûcheron". Ce dernier se prolonge par des petites salles séparées par des étroitures ("Les Portes").

Juste avant "Les Portes", une étroiture verticale permet de poursuivre vers le fond par un ressaut de 3 m suivi d'un P15 et d'un P5 à la base duquel (-55m) il faut maintenant franchir un boyau très coriace baptisé "Le Tube" et qui demande des contorsions digne d'un serpent. A la sortie, un élargissement est suivi par un puits borgne de 20 m qui est surmonté par une cheminée au sommet de laquelle il y a un petit méandre transversal, puis un court méandre mène au "Puits Tam-Tam", très jolie verticale de 44 m de profondeur pour 2 à 3 m de diamètre qui doit son nom à sa résonnance particulière.

A la base de ce puits, une courte pente d'éboulis est suivie par un P5 permettant de prendre pied dans une salle joliment décorée avec deux départs. A gauche, une série d'étroiture mène à la base d'une cheminée de 15 m où une coulée stalagmitique orne une des parois et dont le sommet est obstrué par une trémie. A droite, un P9 permet alors de déboucher à -120m dans un gros méandre amont-aval ayant 8 à 10 m de hauteur pour 2 à 3 m de large.

A l'amont, le méandre garde ses proportions impressionnantes et après une première cheminée inexplorée, on rejoint ensuite le pied de la "Cheminée du Calciné" dont le sommet est lui aussi inexploré. Toutefois, une escalade de 9 m permet encore de gagner un méandre d'une trentaine de mètres de long avec une étroiture à franchir. Au terminus (-103m), il ne subsiste qu'une trémie et d'un autre côté qu'une fissure impénétrable.

A l'aval, le "Méandre des Ecluses", est lui aussi très haut mais au sommet il se pince et en progressant au fond il ne mesure que 2 à 3 m de hauteur pour 80 cm de large. Après une série de soutirages dans le plancher, on débouche alors sur un P17 où six mètres plus bas, on aperçoit un petit conduit provenant des soutirages, puis dans la dernière partie on croise une longue coulée noirâtre. A sa base (-145m), l'eau s'échappe par une fissure impénétrable au niveau d'un petit bassin, tandis qu'à côté de ce dernier un court boyau termine la cavité.


Géologie

Le gouffre se développe dans les calcaires du Kimméridgien.


Hydrogéologie

En dehors des périodes d'étiages, plusieurs arrivées d'eau créent un ruisseau qui s'écoule dans le grand méandre terminal. A l'aval, il est absorbé par des soutirages avant le P17, puis l'eau ressort à mi-hauteur dans ce puits pour disparaître â sa base. Dans les parties les plus étroites de ce petit collecteur, des traces de crues sont bien visibles sur les parois.


Météorologie

Nombreux courants d'air.Ces derniers associés avec de forts ruissellements fait que lors des périodes de basse température il y a de grosses coulées de glace qui obstruent parfois la suite au bas du puits d'entrée.


Biospéologie

Entre 1985-1989, il y avait de nombreuses chauves-souris dans le "Réseau du Bûcheron".


Légendes

A la fin du XVIIIe siècle, une légende était colportée par les habitants des villages le long de la frontière française car on disait qu'un voyageur qui avait laissé tomber sa canne au fond de la Baume des Loges venait de la retrouver au bord du lac des Rousses. Les habitants conclurent donc que la cavité communiquait avec le lac malgré les trois kilomètres qui les séparent et cette légende se perpétua encore pendant très longtemps.


Historique

La baume est connue depuis fort longtemps et au XIXe siècle elle est déjà mentionnée dans plusieurs ouvrages. Quant à la première exploration, elle est effectuée en 1957 par une équipe de la SSS-Lausanne (GSL) qui atteint la base de la cheminée de 11 m.

En 1965, la SSS-Lausanne (GSL) y revient pour tenter de poursuivre l'exploration mais le névé et l'éboulis au bas du puits d'entrée ayant glissé, le passage initial menant au méandre se retrouve bouché. La cavité sera alors délaissée pendant une vingtaine d'année.

En 1961, les lausannois désobstruent ce lamnoir et continuent jusqu'à la "Salle du Chaos" où la suite est défendue par une fissure impénétrable. La même année, avec cette fois le renfort de la section de Nyon, ils désobstruent ce passage, puis après d'autres désobstructions à la massette ils atteignent cette fois le fond du gouffre.

En 1985, le GSL trouve alors une fissure permettant de shunter le passage initial et explore la suite jusqu'au "Réseau du Bûcheron". En 1986, la cavité sera alors entièrement explorée et topographiée en une petite dizaine de sorties.


Bibliographie sommaire

Audétat M. (1961) : Essai de classification des cavernes de Suisse. - Stalactite, 6(4)

Audétat M., Christen D., Deriaz P., Heiss C., Heiss G., Luetscher M., Morel P., Perrin J., Wittwer M. et les contributions de Blant M., Chaix L., Perrin B., Pignat G. (2002) : Inventaire spéléologique de la Suisse, Tome 4, Jura vaudois partie ouest. - Commission de Spéléologie de l'Académie suisse des sciences naturelles, La Chaux-de-Fonds : 368-370

Baron P-J. (1969) : Spéléologie du canton de Vaud. - Editions V.Attinger, Neuchâtel : 546 p.

Roger L. (1822) : Sur quelques baumes du Jura Vaudois. - Feuille du Canton de Vaud, 9 : 258-263

Wittwer M. (1987) : La Baume des Loges. - Le Trou, 45 : 10-13.


Photographies

Entrée de la baume

L'orifice du puits de 37 m




Toutes les photos et illustrations ©GSL et leur(s) auteur(s) respectif(s)