GROTTES AUX FEES DE VALLORBE

LEGENDES

Comme les nombreuses Grottes aux Fées que l'on trouve un peu partout en Suisse ou en France, celles de Vallorbe n'échappent pas aux légendes mais ces dernières ne concerne en fait que la Grande Grotte qui était aussi appelée Grotte de Monvéran.

Pour la Petite Grotte, ce n'est pas vraiment une légende qui la concerne mais uniquement des chiffres fantaisistes puisqu'on racontait qu'elle avait plusieurs kilomètres et qu'une deuxième issue se trouvait en France, ce qui était faux puisque le développement est d'environ 300m. Avec la découverte du nouveau réseau, cette croyance pourrait se révéler en fait prémonitoire car même si le passage n'est pas dans la Petite Grotte, les explorations pourraient peut-être mener sur le territoire français.

Entrée de la Grande Grotte. Carte postale datant de 1906 (collection PB)

Légende du forgeron de Cugillon ou Légende de Donat

Il y avait une fois aux forges de Vallorbe un beau garçon de dix-huit ans qui s'appelait Donat, qui était "orgueilleux comme un serpent et bavard comme une pie". Par-dessus le marché il était très curieux et fourrait son nez partout ! A tel point qu'il faisait envie à toutes les ménagères de son quartier. Un dimanche matin, il part tout seul explorer une grotte dans le coin qui était soi-disant inaccessible. Il y arrive, y grimpe facilement, et la parcourt dans tous les sens, puis s'apprête à partir lorsqu'il découvre un nouveau passage. Il s'y engage et se trouve dans une longue salle basse au milieu de laquelle il aperçoit un joli lit de mousse. Comme il est fatigué il s'y allonge et s'endort. Peu de temps après, à son réveil, il constate que la caverne est éclairée par des flambeaux et que près de lui se trouve une charmante fée en train de caresser deux levrettes. Après un brin de causette ils arrivent à l'accord suivant : Donat promet de rester près d'elle, mais de ne pas pénétrer dans la partie de la grotte où elle habite. Chaque jour que la fée sera contente de lui elle lui donnera une belle pièce d'or et une jolie perle.

Tout marche à merveille pendant quinze jours, mais le seizième Donat, qui est très curieux, pénètre dans la partie haute de la grotte et voit la fée étendue sur sa couchette. Il va près d'elle et constate "avec effroi et étonnement que la fée avait un pied semblable à celui d'une oie". Il essaye de revenir sur ses pas, mais la fée se réveille et le voyant, le chasse de la grotte en lui interdisant de raconter ce qu'il a vu.

Donat étant également assez bavard, la première chose qu'il fait en arrivant à Vallorbe est de raconter son histoire à tout le monde. Comme ils refusent de le croire il sort ses deux bourses où doivent se trouver quinze pièces d'or et quinze perles. Hélas il n'y trouve que "des feuilles d'alizier et des baies de genévrier". Honteux, il quitte le pays et personne ne l'a plus jamais revu. La petite fée voyant que tout le monde se moquait d'elle à cause de ses pieds (ou plutôt de ses pattes d'oie) s'en alla vivre avec ses soeurs à Montcherand. Et depuis ce jour-là, la Grotte de Monvéran s'appelle la Grotte aux Fées.

Légende du Père Sylvestre

Dans cette vieille légende racontée par le Doyen Bridel et qui daterait des croisades, donc du 11ème au 13ème siècle, la Grotte de Monvéran était autrefois habitée par un vieil ermite, le père Sylvestre, à qui l'on s'adressait "lorsque deux jeunes chevaliers voulaient se lier comme frères d'armes". Le père Sylvestre commençait par confesser les deux jeunes gens, puis les les faisait monter par une fente (l'actuelle "Boîte aux Lettres") dans la deuxième salle. Au fond de celle-ci se trouvait un bloc taillé en autel (gros bloc dont le nom est aujourd'hui "Le Foyer"), à chaque bout duquel était posé un crâne et une torche. Il leur faisait le sermon d'usage, puis recueillait à chacun d'eux sept gouttes de sang, qu'il mêlait à un liquide dans une coupe en or. Chacun des deux guerriers en buvait la moitié en jurant d'aider jusqu'à la mort son frère d'armes.