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KARST DES ROCHERS DE NAYE


Gouffre du Plan d'Arrenaz


Situation

S'ouvre dans le flanc sud de la Combe de Naye, au SE du chalet de Naye d'En haut, et l'orifice se trouve une centaine de mètres en contrebas de l'arête; sa vaste entrée marquée P5 le distingue de tous les autres gouffres.



Description

Trajet principal

La doline d'entrée est occupée toute l'années par un très gros névé dont l'épaisseur varie au cours des saisons; ainsi, il est rare que l'on puisse accéder à la suite du gouffre avant les mois de juillet ou août. Lorsque le passage devient possible, on peut rejoindre le sommet d'un puits entre glace et roche, puis à sa base, on prend pied sur un névé pentu dans une vaste galerie. Sur la droite, on remarque le départ d'une galerie : c'est l'accès aux galeries du SRS qui seront décrites plus loin. Tout droit, la descente du névé se termine par une première verticale de 10m, puis un deuxième cran de descente (11m) aboutit sur un nouveau névé suivi d'un éboulement formant un ressaut de 3m; juste après, une cheminée se détache sur la gauche : remontée sur 26m, elle se termine par une fissure impénétrable. Le gouffre se poursuit par un ressaut de 8m et un autre de 9m (tous ldeux franchissables en escalade), puis on arrive à un carrefour : tout droit, une courte galerie mène à la base d'une cheminée d'environ 12m de haut, tandis que sur la droite, on accède à un méandre dont les premiers mètres sont très boueux et qui se développe sur un peu plus de 25m. Peu après un pan de rocher détaché des parois, on débouche alors sur un puits de 10m prolongée par un nouveau méandre menant à une petite salle dont l'accès est défendu par un ressaut de 6m. Au fond, une trémie obstrue la galerie, mais en hauteur un conduit, puis un un ressaut donne dans une grande salle allongée au sol couvert de blocs et au plafond percé de deux grosses cheminées (leur sommet se perd dans le noir). Juste avant l'accès à cette salle, une vire permet de rejoindre une nouvelle galerie de petites dimensions qui après quelques coudes mène au sommet d'un puits : en face, un boyau très glaiseux a été péniblement suivi sur une dizaine de mètres, tandis que le puits se termine 13m plus bas sur un fond totalement colmaté.

Galeries du SRS

Un ressaut remontant (bloc) précéde une galerie couverte d'éboulis qui se rétrécit, puis se transforme en méandre descendant qui aboutit au sommet d'une salle creusée sur une grosse faille. En descendant de 4m, on atteint un palier encombré de gros blocs avec deux départs : un court méandre au bas de la faille et une galerie en hauteur que l'on atteint par une escalade délicate; cette galerie est fortement remontante, puis après une vingtaine de mètres, se divise en deux pour se terminer de chaque côté par une trémie. Revenu sur le palier, la suite se trouve en bas et par une désescalade on rejoint une galerie qui semble se terminer dans un élargissement encombré d'un immense bloc; il n'en est rien, puisque un méandre se détache à angle droit sur la gauche.Il faut d'abord progresser au niveau du plafond, puis passer en rampant dans un passage décoré de concrétions et enfin au niveau de blocs coincés, continuer en ligne droite sur une vingtaine de mètres. On débouche ainsi dans une petite salle obstruée par une trémie et si on a étudié le plan, on se rend compte que l'on a effectué une boucle et que l'on se trouve tout près de la base du puits de 11m du trajet principal.



Géologie

S'ouvre à proximité de la limite Néocomien-Malm, puis se développe ensuite dans ce faciès dont les couches sont ici redressées à la verticale.



Hydrogéologie

La plupart des endroits du gouffre sont fossiles, mais par temps de pluie, plusieurs petites arrivées d'eau débouchent au sommet des cheminées; dans le méandre entre -86m et -98m, on peut alors observer un petit ruisseau. Cette circulation vient ensuite finir dans une perte au milieu des blocs de la grande salle située à -125m.



Historique

Découvert en 1943 par le Service de Reconnaisances Souterraines de la Brigade de Montagne 10 (SRS), il est exploré jusqu'à la grande cheminée située à -86m; les galeries se trouvant au bas du puits d'entrée sont également topographiées. Après la guerre, en 1948, une première expédition est organisée par la SSS, suivie de deux autres en 1949. Le 1er octobre 1950, une quatrième sortie avec les sections de Genève, Lausanne, Neuchâtel et Sion à un caractère particulier puisqu'il y a aussi une dizaine de journalistes et des techniciens radio ! Le but ? : Réaliser le premier reportage souterrain en direct de Suisse pour être diffusé par les soins de Radio-Lausanne; cette "aventure" sera bien réussie malgré le fait qu'un des participants devra être secouru suite à la chute d'un bloc qui lui cassa le pied. A la suite de cette grosse expédition, le gouffre sera pratiquement "oublié" et ce n'est qu'en août 1992 qu'il est revu et topographié par une équipe du GSL.



Bibliographie

Une quinzaine de références se trouvent dans des quotidiens (Tribune de Lausanne, Feuille d'Avis de Lausanne, Tribune de Genève, ...), des hebdomadaires ou des mensuels de l'année 1950 suite au reportage souterrain effectué cette année là.

Audétat M. (1963) : Essai de classification des cavernes de Suisse. - Stalactite, 8(5), février

Baron P-J. (1969) : Spéléologie du canton de Vaud. - Editions V.Attinger, Neuchâtel : 546 p.

Dutruit J. (1992) : Le Gouffre du Plan d'Arrenaz. - Le Trou, 55 : 25-32

Pernet G-A. (1950) : Exploration au Plan-d'Arrénaz. - Echo Montagnard, 9 juin 1950




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