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SANETSCH - PETIT MONTON


M2 - GROTTE MARCHE OU GLISSE


Situation
S'ouvre par deux orifices. L'entrée inférieure se trouve juste à côté du sentier, à proximité du sentier, dans un effondrement au pied d'une petite barre rocheuse située non loin du sommet d'une falaise qui domine la combe de Brapire.


Description

Zone de l'entrée inférieure
L'orifice d'entrée était à peine gros comme le poing, mais après désobstruction, la section est passée à 1,7m de long pour 0,5m de large. Cet orifice donne directement sur une fissure verticale étroite de 5 mètres de profondeur franchissable en désescalade, puis un ressaut de section circulaire et de 3m de profondeur fait suite. A sa base, un passage bas donne sur un méandre pentu qui ne tarde pas à s'élargir et dont la hauteur passe à 13 mètres. Pour la suite, le plus simple est de descendre au fond de ce méandre (P13) où une courte pente d'éboulis mène au carrefour amont-aval.

Galerie amont
La première partie est une galerie large et basse dont le sol est en partie recouvert de blocs. Après une quinzaine de mètres, la galerie remonte fortement en prenant une forme circulaire de 3-4m de diamètre du plus bel effet, puis elle se transforme de nouveau pour prendre la forme d'une faille élargie d'environ 8 mètres de haut sur 3 mètres de large. Sur le côté gauche et en hauteur, on remarque l'arrivée d'un méandre; ce dernier est un "shunt" dont le départ se situe avant la galerie en conduite forcée. Ce "shunt", axé sur une faille, comporte en outre deux autres regards sur la galerie principale, ainsi qu'une cheminée étroite de 10m de hauteur, sans autre suite. De retour dans le cheminement principal, la morphologie change encore une fois, car à la haute faille succède une galerie de forme plus ou moins demi-circulaire au sol couvert d'argile. Quelques mètres plus loin, le passage se rétrécit et par un ramping, on gagne la base d'une trémie, terminus de la zone amont.

Galerie aval
Le départ aval est le moins évident, car c'est la base du méandre d'entrée qui ne fait ici que 30 à 50 centimètres de large. Après une dizaine de mètres, le méandre étroit débouche dans une zone plus large; si l'on a de bonnes capacités pour l'opposition, on peut rejoindre cet endroit en évitant de descendre le P13. Il faut pour cela passer au dessus de ce dernier, puis suivre le plafond du méandre avant de redescendre. Signalons toutefois qu'il faut se méfier lors du retour, car la boue accumulée lors de la progression en aval ne facilite pas vraiment l'adhérence ! En poursuivant le cheminement, la galerie devient plus basse, s'élargit considérablement et surtout prend une inclinaison qui transforme le spéléologue en véritable "dahu" des profondeurs. Sur le trajet, les coulées de sédiments alternent avec des zones propres créées par des écoulements temporaires; ces derniers proviennent notamment de deux cheminées dont l'une d'elles est inclinée et a été remontée sur une dizaine de mètres. Si la hauteur des passages varie de 1,5 à 2m, le plus étonnant reste la largeur qui atteint parfois 15-20m. Après une zone de ramping où le remplissage obstrue une bonne partie du passage, il faut rejoindre un surcreusement au fond de la galerie, puis remonter la pente avant de pouvoir se remettre debout dans un élargissement (Salle à Modeler), premier carrefour depuis la base du P13. A gauche, une petite galerie se transforme en boyau boueux où un ruisseau issu de la salle se perd dans un orifice impénétrable, point bas actuel de la cavité. Tout droit, le plafond s'abaisse et la galerie se transforme en laminoir dont le franchissement n'a été rendu possible qu'après désobstruction.

Galerie remontante
Au niveau du laminoir, la cavité décrit un coude sur la droite pour se développer à 90° par rapport à la précédente partie. Quelques mètres plus loin, on peut se relever avant de croiser une niche sur la gauche : au plafond de cette dernière, un boyau remontant d'environ 50 centimètres de diamètre se développe sur une dizaine de mètres. La galerie prend ensuite de l'ampleur, puis se transforme en une très belle conduite forcée d'environ 3-4 mètres de diamètre qui remonte en suivant le pendage et qui, sur les premiers mètres, est surcreusée sur la droite par un méandre rapidement impénétrable. Une vingtaine de mètres plus loin, on arrive au sommet de la galerie; sous nos pieds, une fissure impénétrable donne sur une verticale (surcreusement du méandre croisé plus bas ?) et peu après, l'escalade d'un petit ressaut permet d'accéder à la Salle Bolchoï qui est axée sur une faille transversale. Droit devant, un passage bas permet de retrouver l'axe principal; c'est une galerie d'abord ébouleuse qui prend ensuite la forme d'une conduite forcée d'environ 2 mètres de diamètre et qui remonte en suivant à nouveau le pendage. Une dizaine de mètres plus loin, la galerie décrit un S et se termine par une trémie où souffle un léger courant d'air.

Entrée supérieure
Après 3-4 mètres de ramping dans un boyau, on se redresse en partie dans un méandre étroit qui peu après prend l'ampleur en hauteur et se met à descendre fortement. Par quelques désescalades on rejoint ensuite un zone plus basse et dans un virage à angle droit avec une petite stalactite (-15m), le méandre devient alors très étroit ce qui demande quelques contorsions. Après ce court passage, la progression redevient plus facile et une quinzaine de mètres plus loin on arrive enfin au sommet d'un puits de 6 mètres qui permet de déboucher au plafond de la Salle Bolchoï..

Réseau de la Boue
Se détache au SW de la Salle Bolchoï par un conduit étroit axé sur la faille qui a nécessité plusieurs séances de désobstruction et dont la dernière étroiture se trouve au sommet d'un vaste élargissement. On en rejoint le fond par une descente de 4 mètres (corde nécessaire) et si on espérait pouvoir ensuite progresser dans une zone confortable, on va vite être déçu ! En effet, la suite est un méandre d'environ 2-3 mètres de haut entièrement recouvert de boue où il faut se tenir au plafond, car le fond est trop étroit; comme la boue ne facilite vraiment pas la chose, cela devient un calvaire. L'exploration est actuellement stoppée au sommet d'une salle pentue et toujours très boueuse où une corde est nécessaire pour descendre.



Géologie
Nappe du Wildhorn. L'entrée inférieure s'ouvre dans les calcaires à Nummulites de l'Eocène (Priabonien), mais comme l'épaisseur de ce faciès est peu importante, la cavité se développe ensuite dans les calcaires du Barrémien supérieur (Urgonien). Dans cette zone, le pendage des couches est d'environ 30° en direction Nord-Est.


Morphologie

A l'amont de la grotte, failles ou diaclases sont à l'origine de la formation de la galerie principale et de ses annexes. A mi-chemin, mais seulement sur quelques mètres, la galerie prend par contre la forme d'une très belle conduite forcée d'environ 3 mètres de diamètre.

A l'aval, la première partie est un haut méandre, puis la morphologie change complètement, car c'est une galerie basse et inclinée se développant à contre-pendage. Dans la partie supérieure, on observe par endroits l'ébauche d'une conduite forcée à l'origine de la galerie, tandis que l'autre partie est un joint qui a été élargi après la phase des écoulements sous pression. A partir du laminoir, la morphologie change encore une fois, car la galerie remonte alors en suivant le pendage. Une première conduite forcée inclinée de 4 mètres de diamètre est en partie recoupée par un méandre que l'on retrouve ensuite jusqu'à l'entrée supérieure ; la formation de ce méandre est probablement postérieure à celle de la conduite. Dans la dernière partie de l'axe principal remontant, on observe une nouvelle conduite forcée dont la section est d'environ 2 mètres de diamètre.

Ces différentes conduites forcées fossiles sont les traces d'un ancien collecteur. Ce dernier n'est en fait que le prolongement de la Grotte du Tube (M1) dont l'entrée se situe non loin de la trémie terminale de la galerie amont.



Remplissages
Si les blocs et l'argile sont des remplissages classiques, on observe par contre des sédiments plus curieux dans la zone aval. Par endroits, l'épaisseur est importante et dans la Salle à Modeler, un amas présente une composition étonnante dont la plasticité fait penser à de la pâte à modeler (d'où le nom de la salle !). Comme en surface on trouve une mince couche de calcaires et grès à Nummulites du Priabonien, il se peut qu'une partie de la composition de ces sédiments soit du sable provenant de la désagrégation des couches de grès. Quant aux concrétions, elles sont rares mais plusieurs d'entre elles, dans la galerie remontante jusqu'à la Salle Bolchoï, ont été érodées après leur formation.


Hydrogéologie
Dans la galerie amont, quelques écoulements proviennent des plafonds. Dans la galerie aval, quelques arrivées d'eau proviennent de la partie droite de la galerie ou des deux cheminées et ce sont eux qui ont nettoyé par endroits les sédiments accumulés dans la galerie. Dans la Salle Bolchoï, une arrivée d'eau tombe du plafond et s'écoule ensuite dans la galerie en conduite forcée qui se développe sous la salle. Comme la cavité se développe près de la surface, il faut préciser que ces écoulements sont surtout actif lors de fortes pluies ou à la fonte des neiges.


Météorologie
Un fort courant d'air est sensible dans toute la cavité et comme la plupart des cavités avec deux entrées, les courants empruntent le trajet entre les entrées et s'inversent en fonction de la température. Un courant est encore sensible en deux autres endroits : le premier dans la trémie au terminus de la galerie amont après la Salle Bolchoï et le deuxième dans le Réseau de la Boue.


Exploration
Minuscule orifice découvert en juillet 1997; sa désobstruction est effectuée en octobre, puis trois membres du GSL explorent 250m de galeries avant la fin de l'année. En août 1998, l'exploration est poursuivie une équipe GSL-MUCC (Moscou) et au mois de septembre l'entrée supérieure est découverte lors d'une sortie inter-clubs (GSSL-GSR-SCVJ); des compléments seront encore apportés quelques semaines plus tard. En 2005, une partie du méandre de l'entrée supérieure est topographiée.


Bibliographie
Dutruit J. (1998) : Prospection au Monton. - Le Trou, GSL, 62 : 31-35



Photographies et Topographie

Entrée inférieure

Entrée supérieure
. Plan Coupe
P13 Galerie amont Méandre aval Galerie des Dahus Galerie des Dahus



Toutes les photos et illustrations ©GSL et leur(s) auteur(s) respectif(s)