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Tasmanie, Junee-Florentine ( Janvier 2014 )

09.02.14

10:24:00,
Catégories: Activités spéléo

Tasmanie, Junee-Florentine ( Janvier 2014 )

Participants: Laure (GSL, STC), Mark, Andreas, Nat, Dickon (STC).

De retour de deux semaines en Tasmanie: 8 jours sous terre, 5 jours de prospection et visite de nouvelles entrées plus quelques jours de repos. Nous avons visité: Cauldron pot, Warhol, Niggly (Growling swallet et Constitution hole pour d'autres membres de l'équipe). Les nouvelles entrées pourtant prometteuses ne mènent pas plus loin que 50-100m en développement... Pas de nouvelle grotte pour 2014 (pour le moment). Par contre, Warhol, une grotte explorée et visitée la dernière fois dans les années 80 tiendra toutes ses promesses!

Le premier jour, nous sommes chargés de déséquiper Cauldron pot, accompagnés de Ken et Peter du Victoria. Cette grotte a un magnifique puits d'entrée: 40m descendent parmi la mousse et les fougères en suivant une cascade! La grotte se poursuit par un étroit laminoir à 50° sur quelques centaines de mètres, puis nous retrouvons la rivière qui descend une demi-douzaine de puits avant de se transformer en douce pluie au milieu de la salle terminale. Remonter les cordes dans le laminoir nous réchauffe plutôt efficacement.

Ken descend dans Cauldron pot

Nous établissons ensuite les tentes près de l'entrée du Growling swallet, comme nous avions fait en décembre 2012. Passer deux semaines dans la forêt vierge est vraiment fantastique, surtout vu le temps: beau, chaud et sec pour toute la durée du séjour, ce qui nous permet de faire de la spéléo avec des combinaisons et sous-combinaisons sèches (un luxe qui ne se refuse pas). Constitution Hole ayant été explorée de façon systématique dans le courant de 2013, notre objectif pour ce séjour est Warhol, une grotte située plus haut dans la même vallée. Warhol a une profondeur potentielle de 250m jusqu’au niveau de base, et ce qui a été exploré dans les années 80 descend à -150m seulement. Personne n’y est retourné depuis.

Mark descend dans Warhol

Il nous faudra deux jours pour équiper la partie existante jusqu’au fond : nous souhaitons remplacer le spit unique du puits final (30m) par quelques chevilles à expansion. Le premier jour, nous descendons jusqu’à la tête de puits… pour se rendre compte que les mèches de 8 ont été laissées au camp. Il faudra 30min à Mark et moi pour retourner à ce point le lendemain (avec les mèches cette fois-ci). Je place les ancrages et l’équipe complète descend au fond (Mark, Nat, Andreas et Ken). Le courant d’air présent à l’entrée ,et si fort à la tête du puits précédent, n’est plus là, nous désescaladons une pile de blocs pour voir le mince filet d’eau présent s’infiltrer dans le sol. Mark, Nat et Andreas tentent de grimper dans un aven, mais rien ne paraît prometteur. Nous remontons donc le dernier puits. Marc remontant le premier décide de jeter un coup d’œil à un méandre latéral depuis lequel il avait équipé une sangle. Depuis la salle du dessous, nous entendons beaucoup de blocs tomber (un rebondira pour atterrir en plein sur mon front – je ressemble un peu à Harry Potter maintenant ;-) ), puis… plus rien. Il semble donc que le méandre de Mark mène dans une autre salle que celle où nous sommes ! Une fois tous au sommet de ce puits, on entend qu’accéder à ce méandre implique grimper sur une vire recouverte de rochers instables, puis de traverser en opposition au-dessus du puits de 30m aidés de prises de pieds douteuses, pour arriver 30m plus loin dans une étroiture au fond de laquelle des cailloux disparaissent quelques secondes. Il est déjà tard à ce point, nous décidons donc de laisser l’équipement de cette traversée pour la prochaine fois.

Retour à Hobart pour chercher plus de spéléos à l’aéroport pour le week-end. vendredi soir, le camp est habité par Liz, David, Dickon, Nat, Andreas, Mark et moi, rejoint par Alan et Ken pour la journée. 9 spéléos et 3 sorties le même jour est dans la région l’équivalent de quelques mois normaux !

Mark, Dickon et moi retournons Warhol le samedi (Deux autres équipes se dirigent vers Growling swallet – Andreas prépare une plongée là-bas le mois prochain, et Constitution hole – Alan veut finir la topo pour enfin pouvoir préparer la carte). Confiants que le méandre de Mark mène quelque part, nous montons toutes les cordes restantes à l’entrée de Warhol. Mark file au fond avec son perfo pendant que Dickon et moi faisons la topo depuis l’entrée. Nous le rejoignons assez vite, pour le trouver se contorsionnant dans l’étroiture en vain, très difficile de trouver des endroits assez larges pour que le perfo rentre… 1h et quelques et beaucoup de grognements plus tard, le puits est équipé. Mark et moi descendons jusqu’à une terrasse, j’équipe un deuxième fractio pendant que Dickon fait un aller-retour à la surface pour chercher la longue corde. Le puits fait 40m au total, et se poursuit par un méandre au fond duquel un filet d’eau coule. Première en bas, un autre puits m’arrête. Dickon prend le perfo et finira la journée en plaçant quelques chevilles douteuses dans le rocher friable qui s’y trouve. Mark, Dickon et Nat y retournent le lendemain avec plus de corde, et trouvent un méandre horrible ponctué de plusieurs étroitures sérieuses sur 30m. Ils sont arrêtés par une série de puits pour lesquels ils n’ont pas assez de corde. Ce méandre est enduit de la boue la plus collante qui soit, ce qui a pour effet d’enduire tout le matos que nous avons. Les crolls ne mordent plus dans les cordes, par contre les cordes mordent dans le stop d’Andreas jusqu’au boulon du milieu (!).

Fin du week-end, nous retournons à Hobart pour déposer Liz, David et Nat à l’aéroport. Au vu des données topo récoltées la semaine précédente, nous sommes plus profond que la partie découverte en 1980, et très proche en distance et en altitude de la partie amont de la grotte Dissidence, où beaucoup de progrès ont été fait en Mai dernier par Alan, Mark et co. Mark, Andreas, Dickon et moi prenons un jour de repos (préparation mentale pour la boue et le portage) et repartons pour le camp. Notre plan est de finir l’exploration et de déséquiper la grotte. 1h depuis la surface, je suis confrontée pour la première fois à l’horrible méandre, que nous décidons d’appeler « Tony Abbott », en référence au premier ministre australien, pour des raisons que vous comprendrez. Mark et moi reprenons là topo là où elle a été laissée (pas une mince affaire de garder des notes propres dans ce genre de galeries…).

Mark et la topo dans Tony Abbott

Dickon et Andreas nous suivent. Le méandre prend fin et un puits nous mène dans un passage de rivière, pas toujours très haut de plafond mais sur galets roulés. Dickon et Andreas font la topo de la partie amont pendant que Mark et moi équipons les puits suivants de chevilles à expansion et cordes. Nous sommes plutôt froids et fatigués à ce point, Tony Abbott pèse vraiment sur le moral (porter les cordes, et le perfo à travers toutes ces étroitures de nouveau ?).

Mark place un fractio dans le dernier puits de Warhol

Mark descend le dernier puits en premier, et nous rapporte des nouvelles de plancher en éboulis où l’eau disparait, puis plus rien. Je descends le puits, ne vois personne en bas, et m’enfile dans un laminoir boueux entre deux blocs. Dickon me suit, je décide d’aller vers l’amont et lui vers l’aval. Quelle n’est pas ma surprise de trouver une station topo !

Une station topo de Dissidence!

Je me dis : Mark nous ferait-il une blague à laisser un fanion avec des numéros aléatoires dessus ? Nous l’entendons revenir en disant : « Nous sommes dans Dissidence ! Il y a des traces de pas ! ». Nous avons connecté avec une partie de Dissidence visitée par Alan en Mai ! C’est avec beaucoup de sourires et d’excitation que Mark remonte le puits chercher le DistoX et que nous finissons la topo jusqu’à la station existante. Mission accomplie !

En rouge : la partie explorée dans Warhol, en noir : Dissidence
(Merci à Alan Jackson pour les données)

Andreas et Laure, contents. Couverts de boue aussi.

Il est maintenant 18h et il nous reste 300m de corde boueuse, un perfo et divers autre matos à sortir de là… Nous sommes à 225m de profondeur. Une longue et pénible montée s’en suit. Dickon prend le perfo et une corde inutilisée et s’élance sur les cordes vers la surface. Mark, Andreas et moi suivons en déséquipant les puits. Je prends le deuxième kit plein, et tout ce que j’ai de force pour le faire passer dans Tony Abbott (ces étroitures en trou de serrure, où il faut garder le kit à bout de bras pour pas qu’il ne s’encastre dans la partie étroite…). J’aide Mark et Andreas à passer les sacs à travers la dernière étroiture et c’est parti pour le puits de 40m, la traversée de la mort puis les puits de sortie. Dickon nous retrouve juste après la traversée, ayant déposé le premier sac à la surface. Il finit de déséquiper pendant qu’Andreas, Mark et moi gravissons les derniers puits. 23h30, douce nuit étoilée, nous rentrons au camp. Délicieuses pâtes au pesto (mais nous avons oublié d’acheter du fromage).

Un jour de repos mérité s’en suit, Andreas et moi retournons à l’entrée pour chercher les derniers kits et faire une topo de surface. Le lendemain, nous avons pour mission de déséquiper Niggly qui est une des grottes les plus profondes d’Australie (-375m). Nous avions l’idée de pousser la partie aval de Niggly, mais nous y renonçons en début de semaine au vu de ce qui se passe dans Warhol. Niggly est fait de beaux passages horizontaux entrecoupés de quelques puits, puis d’un méandre étroit où toutes les sangles se coincent partout (Tiger Tooth), qui s’ouvre vers le bas au-dessus d’un puits de 80m. Il s’agit de traverser en opposition au-dessus du vide sur une longueur de 200m, désescalader, descendre quelques puits pour se retrouver dans Black Supergiant, un puits de 190m équipé d’une corde de 200m (180m d’un coup depuis le fractio du haut). Nous arrivons au sommet de ce puits avec de gros kits vides. Andreas et Dickon qui ont déjà été au fond proposent à Mark et moi de descendre puis remonter, ce que nous déclinons poliment. Ma lampe ne me permet pas de voir le fond, alors nous lançons quelques cailloux en bas… ah oui ça fait un moment… Mark et Dickon hissent la corde, que nous décidons finalement de ne pas couper (Dickon est content de la porter en haut, du moment que c’est mentionné dans le journal du club, pour impressionner les filles). Traverser en opposition sur 200m avec un sac plein est un exercice intéressant. Nous retrouverons Dickon juste à la sortie, ayant déséquipé les autres puits.

Au total, c’est donc plus de 700m de corde boueuse que nous empilons dans la voiture pour rentrer à Hobart ; le dernier jour du voyage sera employé à nettoyer tout ça !

Connecter deux grotte était super génial, si vous êtes tentés par une traversée…

Grosses bises des kangourous,

Laure