« Mini camp spéléo dans l'AudeAventure jurassienne du SVSN, samedi 7 septembre 2019 »

Camp spéléo en Sardaigne à Pâques

17.09.19

16:52:00,
Catégories: Activités spéléo, Visites, Canyons

Camp spéléo en Sardaigne à Pâques

Dates : 19/04/19-30/04/19 (désolé d'avoir tardé autant à poster le compte rendu)

Organisatrice : Anna
Participants : Anna, Philippe et Félix pour toute la durée, Thomas (surtout canyoneur) et Nicoleta rejoignent en cours de camp.
Hébergement: Hotel Ghivine Albergo Diffuso: Via Roma, 36, 08022 Dorgali, Italy

Photos : Anna
Texte : Félix et Anna (auteur marqué par une étoile (*)

Jour 1 : Vendredi 19/04/19 (vendredi de Pâques)
Anna + Philippe + Félix* :

Trajet en train jusqu’à l’Aéroport de Genève, puis vol jusqu’à Olbia en Sardaigne. A l’arrivée à Olbia, on récupère nos valises, mais celle d’Anna est cassée (coin avec roue à moitié arraché). Longues discussions pour faire la réclamation (au final elle recevra une nouvelle valise … livrée chez elle dans quelques semaines), puis attente pour récupérer la voiture de location, puis rouler jusqu’à l’hôtel où on arrive un peu avant minuit.

Jour 2 : Samedi 20/04/2019
Anna + Philippe + Félix* :

On décide de commencer par une grotte facile et horizontale : Su Crabargiu. On a la topo et les coordonnées GPS de l’entrée : à priori rien de compliqué. On regarde sur OSMAnd (carte basée sur OpenStreetMaps), et la cavité semble située sur une pente un peu raide mais rien de trop compliqué.L’accès semble bien plus facile par le haut, où on peut faire le plus gros du chemin avec des chemins balisés et où on a bien moins de dénivelé. Arrivé sur place, mauvaise surprise : la pente qu’on avait vu sur la carte est en fait une falaise de 100-200m de haut sur plusieurs kilomètres de long, sans la moindre brèche à descendre facilement. Il semblerait que les courbes de niveau d’OSMAnd sont basées sur des mesures radar depuis des satellites, et qu’entre les points de mesure, la courbe est juste interpolée (lissée) : du coup, avec un point de mesure en haut de la falaise et un autre un peu plus loin en bas, on se retrouve avec une pente au lieu d’une falaise abrupte. On passe plus de 2 heures à arpenter le haut de la falaise pour essayer de repérer l’entrée « visible de loin », désescaladant à plusieurs endroits quand ce n’est pas trop dangereux. D’après des informations obtenues plus tard, l’entrée serait sur une espèce de vire, dans la falaise, et l’accès se fait par le coté. Bref, si vous voulez visitez la grotte, faites vous accompagner par quelqu’un qui connaît le chemin !

Jour 3 : Dimanche 21/04/2019
Philippe : ballade et visite d’une « tombe des géants »

Anna+Félix* : visite de la grotte SA RUTT'E S'EDERA.

La grotte commence par une zone de puits.

On arrive ensuite dans une longue galerie surcreusée, qui semble être active en cas de forte pluie.

On arrive enfin dans un petit actif qui rappelle un canyon.

Dans cette dernière partie, on trouve de nombreuses concrétions.

On fera demi tour après un peu plus de 3 heures de progression, à contre cœur, pour être certain de sortir avant que Philippe ne s’inquiète.

Jour 4 : Lundi 24/04/2019
Anna + Philippe + Felix* :

On décide de faire une grotte facile, horizontale, et qui contiendrait de l’aragonite : Su Prediargiu. D’après le "cadasto" sarde (une sorte d'inventaire public des grottes), la grotte n’est pas fermée. Pourtant, en arrivant à l’entrée, on a eut la mauvaise surprise de la voire barrée et cadenassée. Du coup, nous sommes allé repérer les entrées de deux autres grottes pour les jours suivants.

Jour 5 : Mardi 25/04/2019
Anna + Philippe + Félix* :

Nous allons visiter la grotte Gutturu 'e Murgulavò. Anna équipe. La zone d’entrée est assez étroite, avec notamment un tout petit bout de « méandre » très étroit et accrocheur où Philippe déchire sa combi, avant qu’on ne passe en enlevant notre baudrier (seul Anna passée la première l’a gardé). S’en suit une tête de puit bien pénible car étroite et avec le seul passage eu poil plus large un peu décalé : du coup Philippe doit tirer Anna de la tête de puit pour la libérer, afin qu’elle puisse recommencer en se décalant cette fois-ci.
Une fois cette zone d’entrée exigeante passée, on arrive rapidement dans la galerie principale, et là, le paysage change complètement : On passe de passages étroits et glaiseux à une galerie de belles dimensions, avec un petit actif et d’innombrables concrétions. Mais si les concrétions sont magnifiques, ce qui fait de cette grotte un exemplaire quasi unique est le fait que cette galerie principale développe dans du granit ! Oui, vous avez bien lu, du granite, cette roche usuellement très dure et pas du tout propice aux grottes. Sauf que là, non seulement le sol est en granite, mais aussi les murs et le plafond ! Il s’agit surtout de gros blocs conglomérés et maintenus par les coulées de calcite. Et chose surprenante (et un peu inquiétante) : si certains cailloux de granite sont durs comme il se doit, d’autres en revanches sont extrêmement friable (si un jour on vous met au défit de broyer un bloc de granite de la taille d’une pomme à main nu, vous pouvez accepter sans hésiter : si vous choisissez bien votre cailloux, vous pouvez le réduire en sable plus facilement que vous ne presseriez un citron).

Les blocs de granite, recouvert d’un peu de calcite (la couche granitique se trouve sous une épaisseur de calcaire) :

On trouve même des stalactites qui poussent à même le granite :

Et enfin, à beaucoup d’endroits, le concrétionnement est tel qu’on ne peut presque plus voir si le rocher est du calcaire ou du granite !

A mes yeux la meilleur grotte qu’on ait visitée : à conseiller vivement.

Le soir, Thomas nous rejoint.


Jour 6 : mercredi 26/04/2019
Anna* + Thomas : Grotte de Donini + Canyon d'Orbisi.

Une grotte très aquatique (nage obligatoire sur 1/3 du parcours) qui peut se faire en traversée en mode canyon : entrée en bordure d’un canyon (à sec), grotte aquatique, avant de ressortir en pleine falaise par une cascade de 50m. On descend en rappel le majestueux C50 qui, après une désescalade, donne sur le canyon d'Orbisi. Celui-ci est en grande partie à sec en surface, l'eau coulant sous terre. Il reste néanmoins de nombreuses trous d'eau. Au niveau de la résurgence des eaux de Donini (quasi invisible), nous quittons le canyon par un sentier bien raide.

Philippe + Felix* :
Philippe n’étant pas particulièrement motivé par cette grotte, il n’a même pas emmené la néoprène. Pour ma part, j’étais assez motivé, jusqu’à regarder de plus près la topo (de type canyon), et de voir qu’il y avait pas mal de nage, et surtout un saut de 3m dont il n’était pas clair s’il était facultatif ou pas. Du coup, nous avons fait une journée archéologique, en visitant d’abord le village préhistorique de Tiscali (bâtit dans un énorme mélange entre une doline et une grotte), puis un second site préhistorique en plaine.

Jour 7 : jeudi 27/04/2019
Anna* + Thomas : grande journée canyon: Flumineddu+Gorropu

Nos amis nous emmènent au début du sentier qui mène à Flumineddu. De cette façon, nous pouvons laisser une seule voiture à la sortie du canyon. L'environnement est majestueux, le canyon est sec avec quelques baignades obligatoires dans des vasques froids (nous avons le néoprène pour la partie "humide"), parfois le lit du fleuve est large, parfois plus étroit et les parois rocheuses l'entourant sont alors plus imposantes. Nous apprécions la tranquillité de la randonnée, de la descente en rappel et des désescalades, ne rencontrant qu'occasionnellement quelques rares touristes randonnant dans les sections non techniques.
Une fois la majeure partie de la journée écoulée, nous atteignons l'attraction principale de ce canyon : la partie aussi connue sous le nom des Gorges du Gorropu. Spectaculaire "porte" constituée par un rapprochement des parois rocheuses. C'est ce que la plupart des touristes sont venus voir, et comme ce point peut être atteint par de nombreux sentiers de randonnée ou de 4x4 + randonnée, les touristes sont nombreux dans cette section.
Une randonnée facile, mais interminable, le long du sentier de la rive gauche nous ramène parallèlement à la rivière jusqu'à notre voiture. Fatigué mais satisfait.

Philippe + Felix* :
nous nous rendons au « Raduno », le congrès national italien qui a lieu a 1h de voiture de notre hôtel. Après avoir cherché des informations sur les excursions pendant un long moment, on finit par apprendre que les cavités sont juste équipées, mais qu’il n’y a pas de tours guidés pour celles-ci. On se débrouille pour s’inscrire pour le Samedi pour la grotte de SU Palu (soit disant la plus belle de sardaigne, pour laquelle il faut un permis). On finit par décider de rejoindre une des deux seules expéditions guidées, à savoir la (petite) grotte d’Orbisi, où est proposée une excursion à caractère géologique. 2 horaires sont proposés. Pour le premier on est trop juste, mais pour le second ça devrait jouer. On se dirige vers le lieu de rendez-vous. Ayant un peu de temps devant nous, on s’arrête à un « parking » un peu plus tôt le long de la piste (car on ne savais pas à quel point il y aurait de la place pour tout le monde au bout du chemin), et on mange. On continue ensuite à pied vers le lieu de rdv, qui était finalement un peu plus loin qu’on ne pensait. On arrive avec 5-10 minutes de retard, et on ne trouve personne. On essaye de se diriger vers la grotte pour essayer de rattraper le groupe. Au bout d’une demi-heure de crapahuter, on finit par croiser un gros groupe en tenue hétéroclite. Il s’agit en fait du premier groupe, le second n’étant sensé partir qu’une heure plus tard (ce qui ne correspond pas du tout aux infos affichées au rassemblement). On poursuit donc seuls jusqu’à la grotte, où on fait rapidement le tour de la grotte (une grosse perte dans un canyon). Au moment de ressortir, on croise le second groupe, et on apprend qu’on a raté un passage. Philippe décide d’aller rapprocher la voiture pendant que je refais la visite avec les géologues. Les explications sont uniquement en Italien (que je ne parles absolument pas), mais j’arrive quand même à grappiller quelques informations.

Le soir, Nicoleta nous rejoins

Jour 8 : vendredi 28/04/2019
Anna* + Thomas : canyon d'Orbisi

Le canyon d'Orbisi (le même canyon dont nous avons descendu une petite partie, deux jours auparavant), est relativement court et agréable. Ses points forts sont: quelques escalades difficiles pour sortir des marmites pièges (aidé par des cordes fixes, mais pas du tout facile), et une belle mais extrêmement courte section souterraine (avec nage obligatoire, très rafraîchissante). Avant la confluence avec Flumineddu, nous sortons par le sentier balisé et rejoignons enfin le même sentier raide que nous avons utilisé pour sortir de Donini.

Philippe : randonnée

Nicoleta + Felix* : Grotte de Donini
D’après les informations d’Anna et de Thomas, la grotte aquatique de Domini était vraiment facile et très intéressante. De plus, elle est équipée pour le congrès (y compris le « saut » de 3m), et il y a des cordes en place pour sortir par l’échappatoire (au lieux de descendre en rappel la cascade de 50m et de poursuivre dans le canyon, on remonte sur le côté). Bref, on se laisse convaincre de faire la grotte. Vue qu’ils annoncent de la pluie, on est quand même un peu hésitant, du coup on fait le détour par le congrès, ou on nous assure qu’il faut beaucoup plus de pluie pour que ce soit un problème.
Anna et Thomas avaient mis 3 heures pour faire la grotte. Du coup avec Nicoletta, on décide de fixer l’heure pour les secours à 8h après notre départ du parking. On met un peu de temps pour trouver l’entrée, puis on fait tranquillement la grotte (belle rivière souterraine, avec de jolis gours et concrétions), perdant un peu de temps à chercher notre chemin. En sortant de la grotte, on prends notre temps pour se changer et manger un peu. Puis on suit une vague sente à flanc de montagne, qui est rapidement complété par de vagues kerns (parfois une seule pierre posée sur un rocher). Celle-ci se trouve environ à mi hauteur entre le fond du canyon et le haut des falaises (bien escarpées). Le sentier semble mener vers une des rares faiblesses dans la falaise, donc nous le suivant avec espoir (notre but est d’atteindre le sommet des falaises où passe un chemin de randonné qui nous ramènerait vers la voiture). On finit par atteindre la brèche, qui malheureusement ne mène pas tout en haut de la falaise comme ça en donnait l’air d’en bas. On continue à suivre le sentier (qui certes s’écarte du parking, mais semble monter doucement en moyenne). Celui-ci devient de plus en plus étroit et escarpé, jusqu’à ce qu’on atteigne un endroit qu’on juge trop dangereux. On remarque alors quelques voies d’escalades ! Ces kerns qu’on suivait depuis près de 2 heures menaient en fait à un site d’escalade et non pas à la sortie de la gorge ! On fait donc demi-tour, assez désemparé (sans compter que le téléphone ne passe pas, donc on ne peut même pas avertir les autres, et notre stock d’eau est quasi réduit à néant). Sur le retour vers la grotte, on aperçoit un vague embranchement qu’on avait raté à l’aller : la nouvelle sente semble retourner dans la direction de la grotte, mais en montant vers une autre brèche. On la suit, pour finir par trouver un accès au plateau, au prix de l’escalade d’une longue pente rocheuse (escalade facile mais sans assurage). On finit par rejoindre la voiture puis un endroit avec du réseau pour avertir les autres qu’on est « bien » sortis. Il était grand temps : 30 minutes de plus, et ils déclenchaient les secours !

Jour 9 : samedi 29/04/2019
Philippe + Thomas : ballade
Anna+Nicoleta+Felix*

Nous nous rendons au congrès pour récupérer la clef pour Su Palu. On y apprend qu’on fera partie d’une groupe de 13 spéléos, et qu’un autre groupe de 17 spéléos rentrera un peu plus tard. Au final, la personne qui a la clef pour le premier groupe décide que faire de gros groupes comme ça c’est absurde, et décide de juste laisser la clef en place et que chaque petit groupe entre et sort quand il veut. Au final 54 spéléos visiteront la grotte ce jour là, mais on n’en croise qu’une petite partie.
C’est une belle grotte, avec 3 puits obliques pas très large au début, un bout de galerie, puis une étroiture à moitié remplie d’eau. Un groupe d’italiens décide de passer en slip, nous préférons mouiller notre combi et sous combi (ça fait limite du bien tellement la grotte est chaude). On arrive ensuite sur l’actif, un haut méandre avec de l’eau arrivant en général entre le haut des bottes et les genoux, qu’on suivra jusqu’à un énorme lac (la seule exception étant un long contournement de 2 cascades qui se fait en hauteur).

Le méandre actif :

L’énorme lac :

Et de beaux gourds et concrétions :

Jour 10 : dimanche 30/04/2019
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